Mes conseils pour mieux vivre son hypersensibilité sans la subir

Terme très en vogue ces dernières années, l’hypersensibilité est, comme son nom l’indique, une sensibilité accrue face aux événements de la vie, aux ambiances et à l’environnement. Elle se traduit par une surcharge émotionnelle et sensorielle, souvent ressentie comme un trop plein, et elle s’accentue (ou non) en fonction de l’environnement familial dans lequel on évolue et des événements que l’on traverse.

L’hypersensibilité n’est en aucun cas une maladie ou une faiblesse, comme j’ai pu parfois l’entendre. Elle est un trait de personnalité, une caractéristique. Malheureusement, elle peut être vécue comme telle si elle est refoulée, mal acceptée ou mal perçue par l’entourage. Dans ces cas-là, elle peut devenir une ennemie redoutable et une vraie source de mal-être et d’angoisses. Lorsqu’elle est en revanche correctement apprivoisée, l’hypersensibilité se révèle être une alliée de choc, un véritable atout du quotidien.

Même si, à titre personnel, je suis clairement passée par la case souffrance, et qu’il m’arrive encore bien souvent de trébucher, je ne crois pas qu’elle soit un passage obligé. Si l’on apprend assez tôt à composer avec son hypersensibilité, il est possible d’en tirer le meilleur, et il est évident à mes yeux aujourd’hui qu’elle est à voir comme une force.

Dans cet article, je t’explique dans le détails les différentes formes que peut revêtir l’hypersensibilité et je te livre mes conseils pour mieux la vivre au quotidien.

Les différents ressentis de l’hypersensibilité

Chaque être humain étant unique, il y a, selon moi, autant d’hypersensibilités que de gens hypersensibles. Celle-ci revêt donc des formes multiples, mais les traits communs que l’on retrouve le plus souvent sont les suivants :

Une réactivité plus importante que la moyenne aux stimuli internes (les pensées, les croyances, la douleur…) et aux stimuli externes (les ambiances, les conflits, le contexte économique…).

Une très grande empathie : soit une faculté à détecter et à ressentir les émotions d’un autre être vivant sans nécessairement d’échange verbal.

Une hyperactivité mentale : un cerveau qui se pose beaucoup de questions existentielles et qui va dans tous les sens.

Une grande intuition : tu ne peux pas forcément l’expliquer, mais tu sais que ton ressenti est juste. C’est aussi la compréhension intuitive de certaines situations. Elle s’affine si on prend le temps de l’écouter et de la distinguer de la peur.

Une attention aiguë portée aux détails : l’hypersensible remarque souvent des détails que d’autres ne remarquent pas et a souvent une mémoire affûtée pour les souvenirs liés à une émotion.

Une créativité souvent prononcée, mais pas nécessairement dans l’aspect purement artistique, cela peut être dans les idées, le couple, la cuisine, le bricolage…

Une hyperesthésie (ou hypersensibilité sensorielle) soit une exagération physiologique des cinq sens, se traduisant souvent par une difficulté à supporter les lumières fortes, les bruits répétitifs et/ou forts, le toucher de certaines matières…

Une sensibilité accrue face à l’injustice et aux critiques, ainsi qu’une susceptibilité parfois très prononcée. Les remarques, même anodines, prennent plus d’ampleur dans la tête d’un hypersensible, qui peut y repenser pendant des jours.

L’impression d’être en décalage avec les autres et de ne pas être adapté à ce monde.

Un besoin vital de relations vraies, de discussions profondes et sincères.

Les hypersensibles s’attachent souvent vite, et se confient rapidement quand ils sont en confiance.

Un besoin de faire des choses qui ont du sens, d’avoir un métier qui raisonne avec ses valeurs.

Une difficulté à faire des choix, car choisir c’est renoncer (et prendre le risque de blesser).

LE SAIS-TU ?

20 % de la population serait hypersensible.

Dans ce pourcentage important, beaucoup s’ignorent, la refoulent ou ne mettent simplement pas les mots dessus.

Plus de femmes hypersensibles que d’hommes hypersensibles ?

Il y a à peu de choses près autant d’hommes que de femmes hypersensibles, à la seule différence, peut-être, que les hommes le montrent moins, vestiges d’une société archaïque où ils devaient cacher leurs émotions pour être de « vrais » hommes…

Cerveau droit/cerveau gauche

Comme tu le sais sûrement, notre cerveau est composé de deux hémisphères qui interagissent constamment, mais qui ont des propriétés qui leur sont propres. On associe le cerveau gauche à la logique et au rationnel, tandis que le cerveau droit est associé à l’intuition et à l’émotionnel. Le cerveau droit des hypersensibles est a priori plus actif que le cerveau gauche, à la différence d’une majeure partie de la population, influencée par une société favorisant le rationnel à l’émotionnel. Le traitement de l’information se fait également différemment, induisant la surcharge émotionnelle et sensorielle.

Tu ne sais pas si tu es hypersensible

La plupart des gens hypersensibles savent qu’ils le sont, car même s’il y a différents degrés dans l’hypersensibilité, celle-ci prend la plupart du temps un peu de place… Mais beaucoup s’ignorent encore, soit parce qu’ils ne sont pas familiers avec la notion d’hypersensibilité, soit parce qu’ils ne mettent simplement pas le mot dessus, ou soit encore parce qu’ils n’acceptent pas cette facette de leur personnalité.

Je crois qu’aucun test ne peut parfaitement retranscrire notre unicité ni la manière dont on se sent, mais si jamais tu te poses la question, il existe des tests de personnalité reconnus que tu peux passer chez des psychologues spécialisés. Cela te permettra peut-être d’y voir plus clair et de mettre des mots sur tes ressentis. Tu peux aussi t’amuser à répondre aux questions dans les liens juste en dessous. Cela peut déjà te donner quelques pistes :

The highly sensitive person par Elaine N.Aron

Test de Psychologies Magazine

Test d’hypersensibilité par Karine Hyenne

Tu ne penses pas être hypersensible

Nous sommes tous sensibles à des niveaux différents, et si tu n’es pas dans les superlatifs, c’est très bien aussi ! En revanche, tu connais peut-être quelqu’un dont les réactions te semblent intenses, voire disproportionnées. Dis-toi que cette personne est possiblement hypersensible et que ses ressentis ne sont simplement pas les mêmes que les tiens. N’hésite pas à lui poser des questions, cela te permettra de mieux comprendre ce qu’il ou elle traverse, et de pouvoir ainsi réagir en conséquence, afin d’éviter incompréhensions et conflits inutiles.

Tu penses être hypersensible

Je te partage quelques-unes des pistes qui m’ont aidée (et m’aident encore) à mieux vivre cette sensibilité à fleur de peau.

1 – Faire la différence entre sa propre émotion et celle d’autrui

Lorsque l’on est hypersensible, à l’image d’un capteur, on absorbe souvent des émotions qui ne nous appartiennent pas. Pense à prendre chaque jour un temps pour te recentrer et pour te poser la question suivante :

« Est-ce que cette émotion m’appartient réellement ? »

Nous avons déjà beaucoup à faire avec nos propres émotions. Alors, il est important de ne pas s’alourdir trop longtemps avec celles qui ne nous appartiennent pas. L’empathie est belle et puissante, mais elle peut être destructrice, si l’on est dans l’incapacité de se distancer des émotions de l’autre. Le recul qu’induit cette question te permettra déjà d’y voir plus clair et de faire le tri dans tous ces ressentis qui s’entrechoquent.

2 – Accepter et vivre son émotion

Une fois que tu as fait le tri dans ce dédale de ressentis cafouilleux, pense à vivre pleinement ton émotion. Il n’y a rien de plus néfaste que de la refouler. Plus elle sera contenue, plus elle fera des dégâts le jour où elle sortira, peut-être au mauvais moment et au mauvais endroit… C’est en plus le meilleur moyen d’attirer à toi des énergies négatives et de te prendre la tête.

Ces dernières années, je me suis souvent autocensurée par peur d’être jugée ou par peur du conflit. Crois-moi, il n’y a rien de pire, car tu ressasses à l’infini et tu montes en pression, alors qu’il suffit simplement de s’exprimer pour désamorcer la bombe. Mettre des mots sur tes ressentis te permettra de mieux te comprendre et de mieux te faire comprendre.

D’ailleurs, bien souvent nos émotions viennent mettre le doigt sur un besoin non comblé et sont de précieux messagers. Encore faut-il prendre le temps d’écouter ce qu’elles ont à nous dire… En prenant ce temps, tu seras peut-être surpris.e des réponses qu’elles t’apporteront.

Essaye autant que possible de ne pas juger tes émotions, de les exprimer, puis de les laisser passer. Elles s’imposent généralement à nous, mais rien ne nous oblige après cela à nous engluer dedans. Vivre l’émotion, oui, se complaire dedans et ne plus en sortir, surtout pas !

3 – Exprimer sa sensibilité et ses émotions par des actions

Peinture, chant, musique, graphisme, actions associatives… La liste est évidemment non exhaustive !

Le sport étant reconnu comme l’un des meilleurs exutoires, pratiquer une activité sportive régulière t’aidera à canaliser ton mental envahissant, à évacuer le trop-plein d’émotions et à faire circuler l’énergie dans ton corps.

De mon côté, grâce au premier confinement, j’ai reconnecté avec mon amour pour la danse que je pratique aussi souvent que possible et le plus simplement du monde : dans mon salon, écouteurs sur les oreilles. (Et ça tombe bien, le ridicule ne tue pas !)

4 – Accepter qui l’on est

Si tu as lu mon article Les Tribulations d’une hypersensible, tu sais que j’ai combattu mon extrême sensibilité pendant longtemps. Avant je n’assumais pas de montrer 100 % de qui j’étais, par peur d’être jugée ou mal acceptée.

Résultat ? J’ai été malheureuse, dépressive et maladivement angoissée.

Le jour où j’ai compris que m’accepter telle que j’étais et changer de regard sur mon hypersensibilité était une des clefs de mon bonheur, j’ai ouvert la porte à plus d’amour pour moi-même.

Si tu es en lutte contre ta sensibilité, c’est que tu rejettes, consciemment ou non, une partie de toi-même. Toi seul.e as le pouvoir de t’accepter et de t’aimer, et toi seul.e peux décider de voir ton hypersensibilité comme un cadeau. Pour t’aider à y parvenir, il faut commencer par défaire les croyances limitantes concernant ton hypersensibilité. Comme je te le disais plus haut, j’en suis le parfait exemple : je me suis répété que j’étais nulle (pour ne pas dire autre chose) pendant des années. Résultat ? Mon estime de moi était au plus bas. J’ai été incapable de passer mon permis de conduire pendant plus de dix ans ou de suivre les études que j’avais envie de faire, parce que j’avais fini par me convaincre que je n’arriverai à rien…

La bonne nouvelle, c’est que ça marche aussi dans l’autre sens, et heureusement ! C’est la raison pour laquelle, quand je fais ma routine matinale, je prononce maintenant des affirmations positives, me concernant ou concernant ma vision de la vie. Le pouvoir des mots est colossal. Peut-être n’as-tu pas encore cette habitude, mais crois-moi c’est un bon réflexe à adopter pour bien démarrer la journée.

5 – Mettre son empathie et sa sensibilité au service du monde

Reconnais qu’il est dommage de se laisser asservir par ses émotions quand on peut s’en servir pour faire bouger les choses autour de soi !

« Sois le changement que tu veux voir dans le monde », disait Gandhi.

Alors, plutôt que de les subir, autant se servir de son empathie et de sa sensibilité pour avoir un impact positif autour de soi. À l’image du colibri dont je te racontais la légende dans un de mes articles, si chacun fait sa part, je suis persuadée qu’on a le pouvoir de changer les choses.

6 – Avoir une activité professionnelle dans laquelle tu t’épanouisses, en accord avec les valeurs qui te sont propres

Selon moi, cela devrait être une priorité pour n’importe qui, mais ça l’est d’autant plus si tu es hypersensible. Tu es déjà touché.e par mille choses à la fois. Alors, si tu ne te sens pas à ta place dans ton job, tu risques de gaspiller une énergie colossale à essayer de t’adapter à un milieu qui n’est tout simplement pas fait pour toi, et dans lequel tes qualités ne seront probablement jamais reconnues à leur juste valeur.

J’ai toujours su que je voulais faire un métier qui me donne envie de me lever le matin, et le jour où j’ai trouvé un travail qui me ressemblait, je me suis sentie plus à ma place. Ça n’empêche pas les prises de tête et les questionnements, mais c’est la première étape pour être plus en accord avec soi-même, et donc plus apaisé.

« Fais un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie. » 
Confucius

7 – Se réserver des rendez-vous avec soi-même

La plupart des hypersensibles ont besoin de s’isoler régulièrement et de se retrouver au calme. Il est important d’écouter et de respecter ce besoin.

Personnellement, je m’accorde souvent des moments rien qu’à moi, car j’ai compris qu’ils étaient nécessaires à mon équilibre. Un bon bouquin, quelques pages d’écriture, une méditation accompagnée d’huiles essentielles, une marche dans un parc en écoutant de la musique, des exercices de respiration, un soin du visage… C’est ma bulle de bien-être, mon sas de décompression.

S’aimer et apprendre à se respecter prend de multiples formes, mais ça commence souvent dans les petites choses du quotidien.

J’espère qu’à travers cet article, tu auras pu en apprendre un peu plus sur l’hypersensibilité. Peut-être même te reconnais-tu à travers ces lignes ?

Faire le choix d’embrasser cette partie de toi demande du courage, mais c’est le premier pas vers une meilleure compréhension de soi. Sache aussi qu’en t’autorisant à assumer ton hypersensibilité et à l’aimer, tu autoriseras d’autres personnes à faire de même.

Ta sensibilité, quelle qu’en soit son intensité, est une force. N’en doute jamais.

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Cécile Fessler